Je n'ai pas encore eu l'occasion de vous présenter La voiture qui m'emmène dans ces aventures !
Ceci,... est un Fiat Doblo, annéee 2006, très grand cru. Il répond à certains critères indispensables comme l'espace intérieur disponible, une tenue parfaite sur les routes de graviers, et des freins d'une souplesse inébranlable. À noter seulement que l'isolation phonique sur autoroute n'est pas des plus agréables. La climatisation ayant fait défaut au début de ce voyage, je roule actuellement fenêtres grandes ouvertes.
Mais, je vous laisse admirer le bolide par vous-même !
- du 17 au 26 juillet 2019 -
J'ai décidé de nommer cet article "À la recherche du bonheur". Aujourd'hui, je comprends un peu mieux ce que cela veut dire. Et ça, grâce à une femme : Doris.
Doris est une femme à l'écoute, compréhensive, qui s'intéresse aux autres et partage son expérience avec une très grande générosité. Pendant près d'une semaine et demie, je me suis sentie à l'aise, en confiance dans cette famille que je ne connaissais pas.
La vie de Doris est pleine de rebondissements. Entre 9 et 13 ans, elle est partie avec ses parents, ses frères et soeur en tours du monde sur un voilier. Doris a vécu à Tahiti, en Nouvelle-Calédonie, a eu 2 beaux enfants, s'est retrouvée dans une ferme d'élevage d'ânesses puis a créé une ferme pédagogique près de Thônon-les-Bains après que 75% du cheptel d'abeilles de son nouveau mari ait disparu. Doris semble avoir eu mille vies, a vécu des choses extraordinaires tout autour du monde. Mais ce que Doris désirait le plus, c'est d'avoir un pied à terre, une ferme pédagogique. Son chemin de vie l'a amené aujourd'hui là où elle a toujours désiré être. Ses rêves l'ont conduits ici à Allinges, chez Rodolphe.
Son nouveau mari, c'est lui. Papa de 2 petites puces, il est apiculteur de père en fils. Ca fait 5 ans que Doris et Rodolphe sont ensembles, unis par les liens sacrés du mariage. Et ils sont heureux d'être là où ils sont.
Les premiers jours, je m'occupe de mettre un coup de vernis dans les toilettes sèches, aide Doris à la miellerie et à nourrir ses animaux.
Afin de comprendre ce que "prendre soin des abeilles" veut dire, j'ai accompagné Rodolphe sur un de ses ruchers situé en campagne autour de centaines de châtaigniers.
Comme vous pouvez le voir dans cette vidéo et dans les photos ci-dessous, Rodolphe extraie une reine d'une ruchette afin de la donner à son père. Il est important d'intégrer aussi des abeilles de cette même ruche afin de ne pas laisser la reine seule. Autrement, cette reine ne serait pas acceptée dans la nouvelle ruche.
Les abeilles restants iront s'intégrer dans les ruches d'à côté pour survivre à l'hiver. Normalement, chaque ruche a une odeur particulière et les abeilles savent très bien reconnaître si une abeille appartient à leur ruche ou non.
Suite à cela, Rodolphe m'explique l'architecture d'une ruche, où la reine pond des larves, où les abeilles déposent le pollen des fleurs et où elles déposent le miel. Ce dernier est créé grâce à la récolte du nectar des fleurs et ensuite par la trophallaxie, ou l'effet d'échange de nourriture. À chaque transfert, l'abeille sortira de son jabot le nectar et apportera à ce dernier des enzymes et du sucre en plus, tout en éliminant l'eau présente dans le nectar. Celui-ci ira de langue en jabot et de jabot en langue jusqu'à la création du miel.
Avec Doris, nous nous occupons d'extraire le miel des cadres et de les filtrer dans des machines. Nous mettons le miel en pot, étiquettons, et préparons les produits pour le marché. Généralement, la famille fait les marchés 2 à 3 fois par semaine. J'ai eu la chance d'accompagner Doris à celui d'Annemasse. Il faisait un tout petit peu chaud avec cette canincule qui n'en finit pas !
En attendant les petites mamies venant prendre leur miel et réprimander Doris de ne pas avoir été là ce dernier mois, nous avons préparé les structures des attrapes-rêves pour l'atelier que je souhaitais animer avec les enfants.
Doris a 2 enfants. J'ai pu faire la connaissance de Tiffany, 24 ans dès le premier jour. Baroudeuse comme sa maman, Tiffany est partie 3 ans à l'âge de 20 ans en Australie et en Nouvelle-Zélande. Dès la rentrée, elle poursuivra des études à Beaune en oenologie et production de vins biodynamiques. Son alternance se fera dans le très célèbre domaine du Château de Pommard avec pour patron Michael Baum. Tiffany aidera au lancement de la production en biodynamie sur ce domaine.
Pour en savoir plus : https://www.dijonbeaunemag.fr/michael-baum-proprietaire-chateau-de-pommard-bourgogne-jai-appris-patience/
Luc, son mari/petit copain vient de Belgique. Incontournable avec son look et sa coupe mulet, Luc a tout aussi bien su s'intégrer dans cette famille. Il a d'abord rencontré la tante de Tiffany sur le GR20 (Corse) et il s'est ensuite fait inviter aux différentes cousinades de la famille.
C'est ainsi que tous les 3, nous aidons Doris pour la seule journée pédagogique de la semaine avec un centre aéré. Nous attendons 30 enfants. Doris les accueille pour la journée dans la ferme et présente les abeilles, comment elles pollénisent les fleurs, font le miel, cohabitent ensemble, etc. Tiffany présente les ânesses et donne des brosses aux enfants afin qu'ils puissent prendre soin de ces dernières. Luc présente les poules et les lapins. Luc et Tiffany s'occupent aussi de la visite des moutons et des chèvres naines durant l'après-midi. Moi je m'occupe avec Doris de l'atelier bougie en cire d'abeille et la fabrication d'attrapes-rêves pour les plus grands, qu'ils déposeront dans la forêt magique.
Cette forêt magique est fantastique. Située au bout du terrain, elle abrite des trésors fabriqués par les enfants et les personnes en situation de handicap. Doris aime à imaginer un univers rempli d'objets créés par ceux qui visitent cet endroit. Eveiller la curiosité en nous, s'émerveiller d'un mobile fait de corde et de bouchons en plastique, de guirlandes de pommes de pin, de cabanes, de cailloux peints à la main montrant le chemin.
Au fond, je pense que le bonheur c'est lorsqu'on se sent à sa place. Si nous ne sommes pas 100% heureux à la place que nous occupons aujourd'hui, il faut apprendre à se poser des questions. Tenter de nouvelles choses, oser entreprendre, faire le point.
Et si je me posais la question "Et dans 5 ans, où est-ce que je me vois ?"
Foutue question ! Mais en la posant autrement, en inversant le futur au passé : "Est-ce que, 5 ans en arrière, quand j'avais 24 ans et que je terminais mes études de Master, j'aurais imaginer faire tout ce que j'ai fait entre temps ?" Alors je me dis, d'ici 5 ans j'ai le temps de faire tellement de choses que je n'imagine encore même pas !
Je ne sais pas exactement ce que sont mes rêves, qu'est-ce que je poursuis au juste, est-ce que j'attends quelque chose, ou quelqu'un [...] ? Ai-je encore envie de filer vers l'aventure, comment puis-je partir à la rencontre de personnes qui oeuvrent pour le bien de la planète ? Je me vois aujourd'hui, propriétaire de ma voiture et de mon âme, n'ayant que peu de moyens. Comment puis-je faire en sorte d'entrer dans l'action tout en garantissant une sécurité financière ? Est-ce que je peux vivre mieux sans travailler dans une entreprise ? Me sentirais-je plus libre, de mon temps, de mes choix, de mes envies ? Est-ce que ma liberté se résume à moins de moyens ?
Toutes ces questions peuvent s'enchaîner à l'infini. Au final, la seule phrase qui m'a toujours correspondue c'est : on verra bien.
