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  • Photo du rédacteurAxelle Islands

5 / 10 Napier, Te Puke, Maketu

Dernière mise à jour : 12 juin 2019

NAPIER, À LA RECHERCHE D'UN TRAVAIL

- du 2 au 10 mai 2015 -


Après l'épisode fabuleux de Jean Ralphio, plus à plat que nous ne fûmes après avoir marché près de 20 kilomètres, nous avons été contraints de faire une pause dans nos aventures et de trouver un garage. C'est à Turangi que nous ferons réparer le van et que nous dirons au revoir à Seb et Tommy !


Ce fut une période particulière pour nous deux, Pierre ayant perdu son portefeuille dans le Coromandel, j'étais sans cesse en train de calculer l'argent que nous avions, par peur de manquer et de devoir rentrer en France. Ce fut malgré tout compréhensible car les $1 000 de réparations n'étaient pas prévus au programme ! Alternateur de changé et courroie de distribution remplacée, nous devons penser à trouver un travail au plus tôt pour renflouer nos poches ! Et voilà comment nous nous sommes retrouvés à Napier !


Nous décidons de rester une semaine complète au camping de Te Awanga, se trouvant entre Napier et Hastings. Malheureusement, ce fut un grand échec ! La saison des pommes était presque terminée, personne ne recherchait de travailleurs. Nous avons téléphoné, prospecté, été directement dans les entreprises d'emballages  et même nous avons postulé pour travailler à Mac Cain ! Sans nouvelles.


Nous décidons finalement de ne plus chercher de travail dans cette région. Nous devrons monter vers le nord, dans la région de Tauranga où il y a apparemment du travail, particulièrement pour la saison des kiwis.


Nous passons finalement le reste de la semaine à en profiter, visiter les alentours, essayer de pêcher. Nous avons quand même rencontrer Alix et Olivier, ancien collègue de Pierre, par pur hasard ! Eolas (entreprise grenobloise) est partout en Nouvelle-Zélande ;) !


TE PUKE, UNE HISTOIRE DE KIWIS

- du 11 mai au 6 juin 2015 -


Après la défaite de Napier, nous triomphons finalement à Papamoa, ville située près de Tauranga (nord centre de l'Ile du Nord) . Nous venions de parcourir un long chemin, passant par Gisborne (pointe est de l'Ile du Nord) puis Whakatane, sans rester pour le coup plus de 2 heures dans chaque ville !


Pressés de trouver un travail, nous arrivons au camping de Papamoa Beach. Dans la cuisine de ce dernier, nous faisons la rencontre de 3 ou 4 couples français, ce qui ne nous étonne peu. Par contre, ce qui nous a le plus marqué, c'est la façon dont nous avons été accueillis... de manière très chaleureuse ! Pas d'indifférence à notre égard et ça nous a bien fait plaisir !


Tout de suite, nous avons eu plusieurs pistes pour des emplois, dans le picking de kiwis notamment. Voyant que nous étions intéressés et plutôt motivés, Delphine et Léo, grenoblois et "ancien IDRACien" par la même occasion, nous donnent le numéro de leur "contracteur". Il est 21 heures lorsque ce dernier nous répond par message et nous invite à venir signer les contrats chez lui, à Te Puke. Ce fut presque trop facile... !


Nous commençons à travailler le surlendemain, jour de beau temps. Rendez-vous 7h45 à l'adresse indiquée. Te Puke est LA ville qui se proclame 1er producteur mondial de kiwis, mais l'Italie par exemple est aussi un très gros concurrent !


Les deux premiers jours nous ont un peu dégoûtés du picking. Le travail se divise en équipe et en ligne sur les orchards et nous sommes tombés avec l'équipe des indiens. On en a prit plein la tête avec les "NO DROPPING" (faire tomber les kiwis dans les sacs ou par terre), "NO MISSING" (ne ratez aucun kiwi, ramassez-les tous), "NO TALKING" toute la journée, c'était insupportable. Avec eux, nous n'avions pas le droit de parler alors qu'ils n'arrêtaient pas de jacasser comme des pipelettes !


Finalement, nous sommes allés dans l'équipe composée principalement de latinoccidentaux et de quelques hindous et bangladais. Toute la journée, nous devions remplir nos sacs de kiwis, les vider dans les grosses caisses. Chaque tracteur possède 3 grosses caisses. Le but étant de remplir le maximum de tracteurs pour avoir le plus d'argent à la fin de la journée. Chaque caisse rapporte à l'équipe seulement $12,5. Le paiement à la rentabilité et non à l'heure peut s'avérer encore plus fatiguant. L'argent que tu auras gagné à la fin de la semaine dépend de nombreux facteurs. Ta motivation d'abord. Il faut arriver à te supporter toi-même quand l'effort se fait intense, quand tes journées se ressemblent toutes : se lever à 6h30, manger, faire la vaisselle, aller travailler, manger, revenir, faire les courses, se doucher, manger, faire la vaisselle, se coucher tôt. Il faut supporter le travail répétitif, les muscles qui se contractent et qui se tendent, qui se pétrifient et qui te donnent des crampes. Les cigarettes que tu fumes à chaque pause te redonnent un peu de courage et d'enthousiasme malgré toi.


Comme facteur influençant aussi ton salaire est l'équipe avec laquelle tu travailles. Avec l'habitude, tu deviens plus rapide, tu connais tes limites mais tu fais toujours de ton mieux. La tension monte lorsque tu vois arriver dans ton équipe un nouvel élément. Inconsciemment tu n'as pas envie de l'accueillir car tu ne connais pas son niveau ni sa motivation. S'il est rapide et efficace, tu seras content. Par contre, s'il se montre lent et chiant, tu vas vite monter en pression et le haïr.


La météo joue un rôle aussi très important. Lorsqu'il pleut, nous ne travaillons pas car les kiwis sont trop mouillés, il faut juste attendre une meilleure journée. Mais parfois, l'arrivée de la pluie nous faisait du bien car elle signifiait que nous pouvions prendre le temps de nous reposer.


Dans ce premier job, nous nous sommes soutenus, encouragés et nous avons fait surtout de belles rencontres : Léo et Delphine bien entendu, Laurie et Nico, tout droit venus du Canada, Valeria y Christian, le couple crazy argentins ainsi que Michal, venant de République Tchèque !


Pour célébrer la fin de la saison du picking, nous avons eu enfin le plaisir de faire quelques soirées arrosées ! Lors d'un barbecue sous la pluie, toutes les équipes de notre "contracteur", Asad, se sont réunies pour se dire au revoir. Bolywood dans la place, la musique sortie de boomers, les indiens ont dansé, crié et nous ont prié de les rejoindre ! Nous nous sommes donc retrouvés à danser avec eux, à prendre des photos, des vidéos et ça devenait assez fou !


Ces derniers nous ont ensuite invité dans leur maison pour continuer à faire la fête. Nous avons passé tout l'après-midi avec eux alors que nous ne les connaissions pas vraiment. Ils ont placé une énorme enceinte dans le jardin et ont mis la musique à 2 000 décibels ! Nous n'oublierons certainement pas leur énergie folle, leur insistance pour nous faire boire et manger mais surtout leur générosité !


MAKETU BEACHSIDE RESTAURANT AXELLE'S SPEAKING

- Du 15 juin au 24 août 2015 -


J’avais tellement hâte de mettre cet article au passé.


La saison des kiwis se terminant, nous nous sommes concertés avec Pierre au regard de nos situations financières. Mmh ce n’est pas autant que nous espérions tout compte fait. En un mois de picking, nous avons pu économiser $1 000 chacun mais ce n’est pas assez pour repartir sur les routes. De plus, « WINTER IS COMING » et on n’a pas forcément envie de passer cette saison dans le van. Plutôt une grande envie d’hiberner.


Nous avons donc réfléchi à plusieurs solutions, celle de trouver un autre travail ou de faire un nouveau wwoofing ? Ouverts à toutes les opportunités, nous nous sommes retrouvés le lendemain d’une soirée devant le camping où séjournaient 3 tchèques dont Michal, notre compagnon de picking. Lenka et Jakob travaillaient dans le camping. Lenka était serveuse et barista (professionnelle des cafés) et Jakob faisait des travaux manuels et de rénovations dans la camping. Sachant qu’ils prenaient un vol retour à la mi-juin, nous avons tenté notre chance auprès du patron, Shane Beech.


Au prime abord, Shane nous affirme qu’ils auront besoin d’une nouvelle serveuse, alors je lui expose mes nombreuses qualités à la figure. Il nous répond alors « Yep yep, all good ». Ce qui ne signifie pas un oui catégorique ni un non non-affirmé. Nous décidons donc quelques jours plus tard de revenir de front et de séjourner plusieurs nuits dans le camping.  Cela se déroule un peu avant la fin de la saison des kiwis. Ce pourrait être la situation idéale pour nous deux ! Imaginons qu’on puisse avoir un appartement comme les tchèques, payer $100 le loyer par semaine avec une cuisine, du chauffage et une douche rien qu’à toi ! M.E.R.V.E.I.L.L.E.U.X !


Nous ne perdons donc pas espoir, réitérons notre demande auprès de Shane pour lui montrer notre détermination. Et un matin, on le croise dans le camping, ce dernier m’interpelle à moitié et me demande si je peux faire une semaine d’essai, Lenka me formera avant son départ. Heureux d’avoir une réponse et un très probable emploi, nous décidons d’attaquer doucement le terrain du logement. Après ma semaine de formation, Shane nous installe dans un des logements dont nous rêvions. Vue sur mer, télé, douche, lit King size, cuisine mais surtout des fauteuils rocking chair ! Et ça, ça a vraiment été le pied !


Nous sommes restés deux mois au total. Au départ, Pierre n’a pas osé demander à Shane s’il pouvait lui donner un travail, on voulait attendre un peu après avoir déjà eu ce que nous avions demandé. Pour ma part, tout se passait bien au restaurant, je faisais mes débuts en tant que barista et j’essayais d’apprendre par cœur la carte et le menu des Take Away. Ce fut quelque peu difficile pour moi de faire la différence entre un Flat White et un Cappuccino, entre un Long Black et un Americano, entre un Milkshake et un Thickshake… La prononciation du mot « Terakihi » (variété de poisson) faisait rire les locaux lorsque je le prononçais. Je m’habituais tout doucement à l’accent des maoris, répondant au téléphone pour prendre les commandes en anglais. Cela me plaisait plutôt bien. Le matin je sortais du grand frigo les gâteaux pour les mettre en vitrine. Carrot cake, Chocolate cake, Brownie, Caramel slice, Scones et Muffins… Je sortais les drapeaux et les installais branle bas de combat et ouvrais le restaurant. Les week-ends, de nombreux clients venaient déjeuner, tous en même temps et certains venaient de loin pour apprécier la vue du restaurant ainsi que son service. Ils pouvaient parfois admirer les dauphins ou les otaries quand ils étaient chanceux. Mais pour dire, la nourriture n’était pas des plus fraîches… Trop de surgelés, que du surgelé pour des prix qui me faisaient doucement rire.


Au fur-et-à mesure de mon expérience, je me rendais compte de la gestion de ce restaurant, mais aussi du comportement de l’employée avec qui je travaillais le plus souvent, Juliet originaire des Philippines. Au départ, tout allait bien entre nous, elle faisait des compliments à mon égard, m’encourageait. J’étais contente d’aller au travail. L’autre employée était Sawitri. Elle était jeune, plutôt drôle mais assez fainéante. Ce qui m’énervait dans son travail est qu’elle me laissait à peu près tout faire lors de la fermeture. Quand j’avais le temps de nettoyer toute ma salle, la machine à café, ranger les gâteaux, et passer la serpillière, elle était encore à nettoyer sa grille. Nous étions payés $14 de l’heure. Autant dire que si nous pouvions gratter quelques dizaines de minutes en plus chaque soir en prenant notre temps pour nettoyer, nous le faisions. Mais quand même ! Lorsque je parlais de ce problème à Juliet, cette dernière a insisté pour que j’en parle à Shane et que je lui dise que je ne veux plus travailler avec Sawitri. Heureuse d’un côté d’être soutenue, je décide d’en toucher deux mots à Shane. Très compréhensif, Shane me répond « Yep yep, all good no worries ».


De son côté, Pierre avait commencé  à travailler pour Shane, enfin ! Son premier job était de monter sur les toits pour enlever la moisissure et peindre ces derniers. Ce job lui a pris 3 semaines à peu près et il a pu gagner $1 000. Très atypique des kiwis, leur conscience du travail bien fait a bien des failles. La sécurité on peut en parler mais elle n’existe pas ! Tout ce que faisait Pierre était « all good, all good ». Mais ce qui était bien, c’est que même si ses journées dépendaient de la météo, il pouvait s’organiser comme il voulait, travailler comme il voulait et ça lui convenait parfaitement. Il pouvait aussi prendre le temps d’aller tenter de pêcher, de peaufiner le blog avant qu’on ne le mette en ligne et de faire des grasses mat ‘ ! Le fait est que nous ne travaillions pas avant 10h30 ! Par la suite, il a eu quelques autres jobs mais ça devenait de plus en plus gênant car il devait aller voir Shane pour lui quémander du travail. Il se débrouilla pour faire du terrassement, creuser un couloir derrière un appartement, planter des arbres… histoire de gagner un peu d’argent pour payer le loyer et la nourriture. Le plus drôle dans l’histoire, c’est que Shane confiait ce genre de boulots à l’homme le plus adroit du monde. Sarcasme, ironie ?... Toujours est-il qu’il ne s’est pas cassé un membre.


Après 2 semaines de travail, un jeune couple d’allemands est venu se présenter à Shane. Que veulent-ils ? Est-ce que j’ai des raisons de m’inquiéter pour mon emploi ? Après leur entretien, Shane nous présente Menzi et Marko, qui viendront travailler les jours où nous serons en repos. Rassurée, je reprends confiance. Je devrais former Menzi pour le service en salle et pour la machine à café. Même si ça ne fait pas longtemps que je travaille au restaurant, je prends mon rôle très à cœur, essayant de mettre Menzi à l’aise dès le début. Par chance, nous nous entendons super bien et je fais de mon mieux pour lui apprendre ce que je sais et j’adore ça ! Menzi et Marko ont fait des études d’hôtellerie donc finalement je n’ai pas grand-chose à leur apporter, à part mon superbe humour. Sarcasme, ironie ?


Avec Menzi et Marko, notre relation franco-germano-croate se déroule à merveille ! Nous avons pris l’habitude très rapidement de nous retrouver autour d’une bière et/ou d’un repas. Même si nos conversations étaient à l’époque principalement dosée de Maketu Beachside Restaurant, nous avons pu grâce à cela nous soutenir ensemble. La relation que j’entretenais avec Juliet devenait de plus en plus floue, elle était de plus en plus lunatique envers moi. Ses mensonges ont commencé à se faire entendre et mes doutes sur son honnêteté ont émergés lorsqu’elle m’a demandé de l’argent. Je n’ai pas su dire non mais je me suis dit pourquoi ? Pourquoi demande-t-elle de l’argent à une fille qui travaille pour en économiser ? Elle a 45 ans, pas d’enfants, un mari ingénieur, je ne comprenais pas… Trop bonne trop conne dirait-on si elle ne m’avait pas rendu cet argent. Mais la semaine d’après, elle me le rend. Plus tard, elle me demandait de dire à Menzi et Marko que je payais ma nourriture le midi, alors que ce n'était pas le cas. Ses petites magouilles m’insupportaient, déjà que je trouvais ça scandaleux qu’on nous retire 30 minutes sur notre temps de travail pour faire une pause même quand nous n’avions pas le temps d’en faire une, il fallait en plus payer le repas du midi ?


Par la suite, la relation que j’avais avec la femme de Shane était des plus insupportables. La quarantaine, visuellement soixante, ne trouvant pas la force de te sourire, te dénigrait d’un simple regard. Mon ressenti sur elle et ce n’est que le mien, ne me plaisait pas. Au début, j’ai osé transmettre mes idées sur ce qu’ils pouvaient mettre en place au sein du restaurant pour améliorer la qualité. Comme Lenka le faisait avant moi. Je me disais, si mes études en commerce et management peuvent servir,  je serais honorée de pouvoir les aider. Mais ça ne s’est pas passé comme je l’espérais. La routine s’étant installée dans le camping, je faisais toujours de mon mieux pour nettoyer, nettoyer, servir les clients, nettoyer et occuper mon temps de travail. Mais mon impression de toujours mal faire les choses a dépassé la motivation que j’avais investie dans ce restaurant. La patronne venait de temps en temps me voir pour m’expliquer les choses comme elle les voyait. Soit, j’entends. Je m’efforçais de l’écouter et de garantir le respect de ses consignes mais pour moi le management ce n’est pas ça. Ce n’est pas laisser des bouts de papiers un peu partout avec un pauvre « SMILE » à la fin qui peut motiver les salariés. Pour moi, le management n’est pas quelqu’un qui vient voir l’employé(e) pour lui dire tout ce qui ne va pas et qui par la suite ne l’écoute pas en retour. Un bloc, une cassure, un fossé qui n’avait qu’une seule porte de sortie et pas d’entrée. L’indifférence, chose que je ne supporte pas. Alors j’ai craqué. Je pensais que Juliet me comprenait, que nous pouvions nous soutenir mais j’avais bien tort. J’ai craqué.


Nous pensions rester jusqu’à la mi-septembre. Nous étions mi-août quand ça s’est passé. J’ai dit à Pierre "viens on s’en va s’il te plaît, viens on part je n’en peux plus d’être ici". La décision de partir a été la meilleure que nous ayons prise, pour mon bien-être en tout cas. Je ne me voyais pas rester encore un mois à Maketu, travaillant avec une hypocrite et devenant hypocrite moi-même, tout ça en étant malheureuse. Par respect pour Shane, nous l’avons prévenu une semaine avant que nous partions. Le « All good yep yep » au garde-à-vous, ne nous a pas étonné. Menzi et Marko ne voulaient pas qu’on parte, mais il le fallait. Nous avons pris le temps de trouver un wwoofing dans la région afin de les revoir pour qu’on gravisse ensemble le Mont Monganui, attraction du coin.


Durant ces 2 mois, nous n’avons pas visité grand-chose, Tauranga, le Pack’n Save (un peu comme Carrefour houhou) de Papamoa, la ville déprimante de Te Puke, la randonnée très belle de Papamoa Hills et les balades sur les plages de Maketu. Ce laps de temps passé là-bas nous a permis de passer l’hiver au chaud et d’économiser assez d’argent pour faire la fin de road trip dans l’Ile de Nord et de commencer l’aventure dans l’Ile du Sud avec Menzi et Marko, prévue pour le mois d’octobre.

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