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  • Photo du rédacteurAxelle Islands

2 / 10 Coromandel

Dernière mise à jour : 12 juin 2019


- du 12 au 20 avril 2015 -


Après avoir essuyé près de 10 heures de route en ce samedi 11 avril, de Cape Reinga à Tairua dans la région du Coromandel ; après avoir été suivis par un psychopathe sur le trajet ; après avoir réussi à allumer les phares sur Auckland ; après avoir fait demi-tour sur une route de gravats essayant de trouver un camping, de nuit, sous les étoiles, les lapins commençant à faire des bruits bizarres ; nous sommes enfin bien arrivés à destination. Et quelle destination ! L'heure du second woofing a sonné.


En direction du repère caché

La première grande étape fut de trouver notre repère, car soyons clair, ce n'est pas un endroit qu'on peut localiser sur Google maps. Route de montagne, gravel road en montagne, chemin dans les champs, bosses, nids de poules... Tout cela en à peine 10 km. Nous voilà arrivés devant la maison, mais avant l'arrêt complet de notre bolide, nous avons une dernière épreuve à passer, celle de la descente della muerte.


Parés pour l'Aventure

Nous faisons la connaissance d'Anthony, la personne qui nous accueille grâce au site helpx.com pour une semaine, ou plus ? Bonjour Anthony comment tu vas ? [...] Whaaaat ? Pierre et moi échangeons quelques regards, exprimant notre totale incompréhension face à l'accent très prononcé de cette nouvelle rencontre... "Comment ça notre van ? Oui oui il est très bien là où il est garé, tout en haut, juste avant la terrible descente. Comment ça aucun problème ? Tu veux le faire ? Euh très bien, voici les clés, merci au revoir".


Anthony, la quarantaine, sans peur et sans reproche, nous montre ses talents de conducteur poids lourds. "Cette descente, tu rigoles ou quoi ? Des fossés des deux côtés ? No big deal".


Après ces instants où nous avons connus quelques sueurs froides, nous entrons dans la maison. Arrêtons-nous quelques instants sur le décor et nos premières impressions : "Est-ce que c'est une blague ? Non ? Ah pardon". Cette semaine risque d'être enrichissante...


Visite de la propriété

Nous faisons la rencontre de Faustine, citadine de notre capitale à la recherche de son bonheur, qui vit aux côtés d'Anthony depuis quelques mois maintenant. Avant d'entamer une grande conversation sur ce qui nous attend cette prochaine semaine, nous nous installons par terre, quelque peu embarrassés et mangeons. Après déjeuner, nous nous installons sur la terrasse, fumant quelques cigarettes pour nous sentir plus confortables dans cet environnement. Faustine nous met alors en garde sur la drogue et l'alcool. "Non ce sont juste des cigarettes roulées et vu le prix de l'alcool, on va s'en passer"... Au fur-et-à mesure de la discussion, nous nous rendons compte du bric-à-brac monumental qui se déroule ici. Une maison construite par les seules mains d'Anthony en l'espace d'une année, une propriété de 40 hectares à aménager, des projets pleins la tête, des instants illégaux et la volonté d'offrir à des wwoofers une expérience dont ils se souviendront très certainement.


Assis sur la terrasse, nous sentons quand même une vielle odeur de chacal et de rats crevés qui provient de derrière la baignoire. Une baignoire dehors ? Ah il n'y a pas de salle de bains ni de toilettes à l'intérieur de la maison ? Et d'électricité non plus ? Pas de réseau ? Mmmh très bien... "Mon dieu Pierre viens on s'en va" ! Faustine nous explique comment se passe la toilette de chacun. Cette baignoire est utilisée chaque soir que Dieu fait, juste avant que la nuit n'assombrisse les derniers rayons du soleil. Pour cela, il faut prendre des brindilles sèches, en faire une boule, couper du bois à la hache, mettre l'ensemble sous la colonne située à droite de la baignoire, remplir cette dernière d'eau, allumer un feu, attendre 45 minutes que l'eau soit bouillante, vider la baignoire rouillée de l'eau de la veille et brosser pour enlever la crasse et enfin reboucher la baignoire avec un bâton et du caoutchouc et ouvrir la valve d'eau bouillante et mixer avec un autre tuyau d'eau froide. Autant dire que la première journée, nous ne nous sommes pas douchés. Mais au fait d'où vient cette eau ? Étant clairement autosuffisant, l'eau provient de la rivière située en contrebas de la propriété, est pompée par un générateur (bien pratique pour la machine à laver, pour se servir de la guillotine aussi) pour être acheminée dans un tank situé sur les hauteurs de la propriété.


Très bien, et maintenant où devrons-nous dormir ? Olivia, une autre wwoofeuse devait arriver le soir même. Il y a eu donc deux possibilités qui s'offraient à nous mais nous en avons imaginé une troisième : notre van. Nous avions le choix entre une chambre avec deux grands lits à l'intérieur de la maison ou la grange/garage/dépôt qui se situait sous la maison. Cette possibilité ne nous ravissait absolument pas, non pas parce que nous avions peur des probables immenses araignées qui s'y trouvaient mais parce que nous n'allions pas laisser une pauvre petite américaine de 18 ans dormir dans cet endroit sordide, où une oie déposait ses excréments devant la porte de la grange.


Finalement, on n'a pas eu à s'en faire car à l'arrivée d'Olivia, chapeau de paille sur la tête, cette dernière a insisté pour dormir dans le garage. Oui oui elle a insisté. "Très bien parfait... ah pardon ! Je veux dire on prendra la chambre alors"...


Le temps des grands travaux

Ce dont Anthony ne nous avait pas précisément parlé, c'est qu'avec Faustine, ils partaient le lendemain en vacances, et ce pour quelques jours. Anthony nous avait laissé une liste de travaux à effectuer durant son absence en échange du logis et de la nourriture. Étape 1 : ramasser tous les blocs de murs brisés et/ou tombés sous la terrasse, les mettre dans un même endroit et récupérer les tôles de toit. Étape 2 (nous étions volontaires) : ramasser à la pelle les divers animaux en charpies dont l'odeur putride et pestilentielle nous mettait des hauts le cœur. Finalement, canards, poules et possums furent enterrés dignement. Étape 3 : nourrir oies, poulets, poussins, Mister Ed le cheval et canards. Étape 4 : couper du bois avec une énorme machine des années 30 que j’appellerai malgré moi La guillotine. Étape 5 : avec l'aide de Patrik, l'un des meilleurs amis d'Anthony, nous continuerons la construction de la première cob house. L'un des nombreux projets de la propriété : construire un centre de vie communautaire accueillant des groupes souhaitant faire diverses activités reliées à la nature, au concept de l'énergie durable, à l'apprentissage des nouvelles alternatives de consommation...etc.


Nous avons principalement aider à créer un pan de mur ainsi qu'une partie de toit fait de bambous. Nous avons scié, cloué, pétri, roulé, mixé, palpé, aplati, moulé, posé, coupé avec nos petits doigts et pieds pour obtenir ceci :



Eh oui, nous avons aussi créé la structure de la porte et mis des bouteilles de vin et de bières pour apporter de la lumière.


Le secret pour fabriquer la mixture de la cob house est :

- 6 pelles de sable,

- 6 pelles d'argile,

- beaucoup de paille,

- et un peu d'eau.


Les aléas de la vie

Durant cette semaine, nous avons finalement pris nos bains nocturnes et nous devons bien l'admettre, ce n'est pas si mal que ça.. Si seulement nous avions été en été ! Les soirées ou même les journées lorsqu'il pleuvait, nous nous installions tous sur les canapés, lisions, discutions, buvant des feuilles séchées de Kawakawa (effet à long terme très relaxant voire hypnotisant) autour d'un bon feu. Mais nous n'étions pas que des papys, on a quand même un peu bougé. Un peu seulement car les aléas de la vie sont arrivés à ce moment-là.


Avec Jean-Ralphio, notre cher et tendre van, nous avons eu quelques soucis tout d'abord à le faire remonter. Descendre fut une étape facile, pour Anthony qu'on se le dise, mais alors pour remonter... Quelle affaire ! Coincés au beau milieu de sentier, patinant sur les graviers, je mets le frein à main et prie pour que le van ne soit pas trop lourd et gravite dans le fossé comme un grand. Avec l'aide de Patrik, ce dernier prend son bolide, une grosse corde, puis finalement une chaîne pour nous tracter jusqu'en haut de la montée. Plus jamais nous redescendrons nous garer en bas !


Deuxième petit problème, lorsque nous sommes revenus du spot des Hot Water Beach. J'explique juste le principe de cet effet hautement touristique : lorsque la marée est basse, de nombreux visiteurs viennent avec leurs pelles pour creuser des trous et s'y installer lascivement. Attrape-touristes certes mais c'est gratuit ! Sur une plage de 5 km, 20 mètres en retiennent l'attention. Sous cette surface se trouve une "source d'eau chaude" si je puis dire où il suffit de creuser un petit bassin pour sentir la chaleur qui peut parfois bruler ! Moins glamour, faute de place et d'espace, nous devions nous coller les uns contre les autres pour avoir le privilège d'expérimenter cet effet "supernaturel"..


Donc je disais, second problème en rentrant des Hot Water Beach, j'oublis d'éteindre les veilleuses. Lorsque nous constatons ce léger hic, nous sommes la veille de partir du wwoofing. Nous testons alors plusieurs possibilités pour recharger la batterie : les câbles sont trop courts ça ne marche pas. On tracte alors le van encore plus haut et Pierre va à l'intérieur, desserre le frein à main sur les conseils de Patrik, et essaie de passer la seconde tout en maintenant la clé sur je ne sais pas exactement quoi. Bref un système que je n'ai toujours pas compris mais qui marche. Malheureusement pour nous, ça n'a pas été notre cas pour cette fois-ci. Retour à la case départ, nous attendrons l'arrivée d'Anthony pour qu'il puisse nous aider et nous conduire chez un électricien. Résumé des courses : $200.


Tout est bien qui finit bien... enfin presque !

Autant que je le dise maintenant : ce fut la perte du portefeuille de Pierre à Hahei très certainement. Nul ne sait où ce dernier se trouve à présent. La déclaration de perte fut très intense pour moi quand il a fallut expliquer au téléphone à la police comment épeler le prénom P-i-e-r-r-e...


Pour clôturer cette semaine riche en émotions, nous sommes montés sur le Mont Paku en compagnie d'Olivia. Nous l'avons par la suite raccompagnée à Tairua et avons pris la direction de Hahei pour se trouver tout près de la randonnée qui nous emmènerait dès le lendemain sur l'un des célèbres lieux du tournage du Monde de Narnia : Cathedral Cove.


C'est donc avec un sentiment de fierté que nous quittons ce wwoofing, prêts à rejoindre Tommy et Seb, des amis de Pierre, pour de nouvelles aventures. Nous avons énormément appris sur ce qu'est réellement le confort, et même avec moins, nous ne sommes pas morts ! Au contraire, ça nous a rapproché avec la nature, son contact est devenu plus présent et ça nous a fait du bien. Sa richesse, ses caprices et ses hardeurs nous a quelques peu remis à notre place et nous avons été beaucoup plus attentifs aux choses qui nous entouraient. Les étoiles par exemple ! Elles sont tellement magnifiques quand tu te réveilles à 3 heures du matin et que tu vas dehors pour aller faire pipi... Il y en a tellement ! Nous avons aussi appris à vivre au rythme du soleil. 20h30 au dodo et levés à 6h30. Par contre, ce lever matinal était dû aux jacassements insupportables des connards de canards !


Quoi qu'il en soit, ce fut une très belle expérience et on espère pouvoir trouver un autre wwoofing qui nous apprendra tout autant de nouvelles choses.


Merci Patrik, Faustine, Olivia et Anthony !

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